Glyphosate: Monsanto aurait corrompu des scientifiques pour se donner du crédit

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Publié par La Libre du 05/10/2017
voir aussi l’article du Monde sur ce sujet

Le géant agrochimique Monsanto a eu, à de nombreuses reprises, recours à ce qui est considéré comme une grave faute scientifique: le ghostwriting. C’est en tout cas ce qu’il ressort d’une nouvelle fournée des « Monsanto Papers » analysée par le journal Le Monde, qui en livre jeudi les dernières révélations. La pratique consiste, pour une entreprise, à agir en « auteur fantôme ». Alors que ses propres employés rédigent textes et études, ce sont des scientifiques sans lien apparent de subordination avec elle qui les endossent en les signant, apportant ainsi le prestige de leur réputation à la publication. Ces scientifiques reconnus sont naturellement payés pour leur service.

Il ressort des derniers documents internes à Monsanto, déclassifiés en raison des procédures judiciaires en cours aux Etats-Unis, que la multinationale y a eu recours à nombreuses reprises et sous différentes formes.

Le Monde relève notamment le cas d’Henry Miller, biologiste américain habitué à signer des tribunes dans des journaux réputés tels que les Wall Street Journal, New York Times ou encore Forbes. Le site Forbes a décidé, au mois d’août, de supprimer de ses archives tous les écrits signés par Henry Miller après avoir eu la preuve qu’il s’agissait en fait de documents rédigés par Monsanto et signés par le scientifique.

Mais la stratégie du géant agrochimique ne s’est pas uniquement concentrée sur le grand public, la pratique a également été utilisée pour des publications scientifiques dans des revues savantes.

« Si la pratique du ghostwriting est notoirement répandue dans le secteur pharmaceutique, la lecture des Monsanto papers pose désormais la question de son ampleur dans l’industrie chimique et agrochimique », souligne Le Monde.

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Quand elle fait appel à des consultants externes, la firme s’autorise à apporter corrections et édition aux articles, qui portent pourtant la mention « ni les employés de la société Monsanto, ni ses avocats n’ont passé en revue les manuscrits du panel d’experts avant leur soumission à la revue ». Elle choisit également de taire certains auteurs, comme un certain J. Acquavella. Ancien employé de Monsanto, son nom pourrait attirer l’attention sur le manque d’éthique du processus.

A côté de contrats ponctuels, plus juteux en fonction de la crédibilité du nom, l’entreprise s’est aussi liée à l’année à différents scientifiques via des « master contracts ».

Monsanto nie tout ghostwriting et affirme que les mails internes – dans lesquels il est clairement fait référence aux montants alloués aux prête-noms et à la pratique – sont sortis de leur contexte.

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