Les multinationales n’aiment pas les semences libres

| |

« Si vous contrôlez le pétrole, vous contrôlez le pays, mais si vous contrôlez les semences, vous contrôlez l’alimentation. Et celui qui contrôle l’alimentation tient la population en son pouvoir. » Henry Kissinger

Le 8 décembre 2011, le Parlement français adoptait la loi relative au « certificat d’obtention végétale » (COV).

Selon l’association Kokopelli (voir ici le combat de Kokopelli) « Pour comprendre les enjeux de cette loi,  il faut en connaître le contexte technique : là où les méthodes de sélection agronomique n’ont pas réussi à rendre le grain stérile ou dégénérescent en deuxième génération (hybrides F1 *), les semenciers (Monsanto, Novartis, …) cherchent, par des méthodes juridiques cette fois, à recréer le marché captif extrêmement lucratif que les hybrides F1 leur ont permis de s’aménager. Les semenciers ont réussi à faire qualifier la semence récoltée de contrefaçon au plan international d’abord (convention dans sa version de 1991), puis au niveau européen (règlement 2100/94) et plus récemment sur la scène nationale. Ce n’est en fait pas la rémunération d’un travail effectif de recherche que suivent les sélectionneurs, mais la recherche d’une rémunération sans travail, c’est une situation de rente. »

marchéIl y a quinze jours, le 17 mai, des petits maraîchers ont reçu la visite d’un agent de la répression des fraudes, sur le marché de Lavelanet, en Ariège. Leur délit : vendre des plants de tomates non inscrites au catalogue officiel et ne pas disposer de la carte du GNIS, l’inter-profession nationale des semences et des plants. Ils encourent une amende de 450 euros…

« Bien que pour eux qui vendent moins de 10 000 plants par an, cette carte soit gratuite, pour le moment du moins, cette visite a causé un certain émoi, d’autant plus que jusqu’ici cette activité annexe était tolérée et que ces maraîchers ignoraient même que cette carte était obligatoire », réagissent plusieurs organisations dans une lettre commune.

Lire aussi :  Les OGM ont perdu la guerre contre les mauvaises herbes

Ces dernières voient dans ce contrôle « un abus s’inscrivant complètement dans une logique de généralisation du fichage de toutes les activités et de toutes les personnes qui échappent au contrôle des multinationales ».

* Un hybride F1 est la première génération d’un croisement de deux variétés distinctes. Cet hybride donne des rendements généralement plus élevés, et les plantes affichent une grande homogénéité (forme, couleur, taille). En revanche, les graines sont inertes, c’est-à- dire stériles, sans aucun pouvoir germinatif ce qui oblige l’agriculteur à en acheter de nouvelles chaque saison.

Publications similaires