Epitaphe pour la Dame de Fer

par Bertrand Rouziès-Leonardi (sur le blog de Paul Jorion)

ThatcherLa « Dame de Fer » a baissé son rideau. Fallait-il être de fer pour défaire l’ébauche de redistribution organisée par le Welfare state, à la création duquel les conservateurs et les libéraux eux-mêmes, dans un accès de démence sans doute, avaient contribué, au lendemain de la Seconde guerre mondiale ? Non, il ne fallait pas être de fer, il suffisait de revenir aux fondamentaux de l’économie concentrationnaire, qui globalise les camps de travail et libéralise le commerce des chaînes. De même, on qualifie par habitude de nouvel « homme fort » tout apprenti dictateur qui vient de cueillir le pouvoir que le précédent homme fort, devenu soudain débile, lui a abandonné sans combattre. Margaret Thatcher, béni soit qui mal en pense, est morte. Ce n’était pas une femme remarquable par la résistance qu’elle opposait à l’adversité, puisque cette adversité, pour une large part, était le corps social anglais, qui avait bénéficié, jusqu’à son arrivée au pouvoir, d’un corpus de droits qui rendait l’Angleterre désirable, comme la déclaration des droits de l’homme avait pu rendre la France désirable à une autre époque. L’opiniâtreté, en politique, est rarement un message à destination des électeurs mais bien plutôt un message à destination des lobbyistes. Si Thatcher s’est distinguée, c’est par la brutalité avec laquelle son gouvernement a signifié aux Anglais où se trouvait le pouvoir réel. L’Angleterre, sous sa poigne, a regagné du crédit, mais auprès de qui ? Le droit de la City s’est substitué au droit de la Cité. On jugera de la nature de l’attractivité d’un pays à la proportion de vautours qui se mêlent aux migrants qui s’y installent. Bon appétit, messieurs les vers nécrophages, ô ministres intègres de la justice souterraine ! C’est à vous qu’est échue la tâche ingrate de défaire la « Dame de Fer ».

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